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Le Progrès, 03/09/14

Saint-Just-Malmont. Le tribunal de commerce de Lyon a validé tel quel le plan de continuation de l’entreprise de textile, malgré les récriminations de la CGT envers la direction. Prochaine audience : le 16 décembre.

Pour certains, la confirmation du plan de redressement de l’entreprise Cheynet & Fils fut un « ouf ! » de soulagement. Pour d’autres, en revanche, « tout sauf une surprise ». Le débat qui a eu lieu mardi matin au tribunal de commerce de Lyon était à l’image de ces réactions contrastées : surprenant.

Le nombre de licenciements secs connu lundi

La direction était venue défendre le plan qui permettrait à l’entreprise de sortir du marasme et d’éviter la liquidation judiciaire. La CGT et ses représentants, pour qui la confirmation était « cousue de fil blanc », avaient, en revanche, choisi d’y dénoncer ce fameux plan. En cause notamment : la proportion d’ouvriers licenciés comparativement à celle des personnels d’encadrement.

Difficile pourtant, à ce stade, de déterminer un tel chiffre puisque sur les 113 suppressions d’emploi que comporte le plan social, ni le nombre de reclassements ni le nombre de départs volontaires anticipés à la retraite ne sont encore connus. Il est donc toujours impossible aujourd’hui de déterminer à combien de licenciements secs correspondront ces 113 suppressions d’emploi. D’après Jean-Jacques Monge, directeur général de l’entreprise, « il y a aujourd’hui 38 personnes qui se sont portées candidates à un départ volontaire à la retraite anticipé mais d’autres encore peuvent se présenter d’ici le 5 septembre. Comme pour les reclassements, tous ne seront pas forcément acceptés. La décision dépendra du poste occupé et du projet présenté. » Le décompte définitif devrait être connu lundi.

La CGT, venu en nombre au tribunal mardi, estime, elle, que près de 85 postes d’ouvriers sont concernés par les suppressions de poste et a donc campé sur ses positions. « Nous avons demandé au tribunal la révision du plan proposé, explique Véronique Serve, déléguée CGT. Contrairement à ce qu’avait promis la direction, la grande majorité des licenciements concerne les ouvriers. Et en plus de ça, elle n’a pas expliqué comment nous pourrons assurer les objectifs avec 30 % de main-d’œuvre en moins. »

 

Pour le syndicat, cette stratégie n’était en rien risquée, puisque, d’après lui : « La société mère du groupe doit subventionner sa filiale d’après une jurisprudence datant de 2011. Et comme le groupe auquel appartient notre usine en a les moyens, une liquidation est très improbable. »

Un dialogue social détérioré

Des arguments et des chiffres que Jean-Jacques Monge juge « fantaisistes », se disant « surpris par la nature de l’intervention du syndicat devant le tribunal ».

Toujours est-il que cette audience n’avait valeur que de rapport d’étape. L’audience prochaine, prévue le 16 décembre, devrait être plus décisive, mais l’arbitrage en charge du tribunal sera sensiblement le même : liquidation, mise en route du plan ou prolongation de la période d’observation.

Mardi matin, dans son jugement, le tribunal a finalement confirmé le plan social tel qu’il a été présenté par la direction tout en appelant les différentes parties à « davantage de dialogue social ». Une recommandation qu’il sera bien difficile de satisfaire : la CGT, qui se sent trahie, n’hésite plus désormais à parler de « déloyauté » de la part de la direction.

Julien Wagner

Photo : archives