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France 3 Auvergne, 21/11/15

Le groupe de luxe Hermès a annoncé jeudi 26 novembre le rachat de l'un de ses fournisseurs historiques : les Tanneries du Puy, entreprise auvergnate basée à Chadrac (Haute-Loire) et spécialisée dans le cuir de veau.

Le montant de ce rachat n'a pas été divulgué. Cette acquisition par Hermès Cuirs Précieux (du pôle tannerie de la maison) "permet de sauvegarder plus d'une centaine d'emplois dans la région Auvergne-Rhône-Alpes", affirme Hermès dans un communiqué succint.

Contacté par l'AFP, le géant du luxe n'a pas donné plus de précisions concernant les effectifs de l'entreprise auvergnate, qui n'a pas souhaité s'exprimer. L'opération "s'inscrit dans la continuité de la stratégie du groupe Hermès de préservation des savoir-faire uniques, et de sécurisation des approvisionnements", poursuit l'entreprise dans son communiqué.

Interrogé par Gérard Rivollier de France 3 Auvergne, Alain Peyrelon, délégué CGT des Tanneries du Puy, est très satisfait de cette annonce : « Ce rachat c’est une très bonne chose. Depuis 2011, nous appartenions au groupe EPI (chaussures Weston), un grand groupe du luxe qui avait investi 25 millions d’euros sur le site des Tanneries. Mais notre chiffre d'affaires avait baissé l'an dernier, à cause notamment de l'augmentation du prix de la matière première. Alors aujourd’hui nous sommes satisfaits car le groupe Hermès nous a confirmé ce matin même que tous les emplois seront garantis. La direction d’Hermès nous a également confirmé sa volonté d’investir sur notre site qui en a bien besoin, notamment sur les bâtiments qui datent de 1946 ». Alain Peyrelon qui se félicite par ailleurs que cette cession se soit faite sans l’intervention des hommes politiques « ni de droite, ni de gauche » !

Un rachat pour sécuriser les approvisionnements d'Hermès et en maîtriser la qualité

Implantées au Puy-en-Velay, les Tanneries du Puy, créées en 1946, affirment fournir "les plus grands noms de la chaussure et de la maroquinerie de luxe dans le monde" et exporter plus de 50% de leurs ventes. En 2013, le sellier-maroquinier parisien Hermès avait déjà racheté la Tannerie d'Annonay en Ardèche.

Les marques de luxe recherchent de préférence du cuir de veau uni, plus facile à teinter, et ont besoin pour les sacs à main de grandes peaux d'une épaisseur constante et sans taches ni griffures. Les ventes du groupe en Maroquinerie et Sellerie ont représenté 47% de son chiffre d'affaires au 3e trimestre, et ont progressé de 8,6% à taux de change constants sur cette période, après une hausse de 14,9% au trimestre précédent.

Cette acquisition d'Hermès "fait suite aux rachats successifs, depuis le début des années 1990, des cristalleries Saint-Louis, de l'orfèvrerie Puiforcat, ou plus récemment des Tanneries d'Annonay", souligne un analyste de Crédit Mutuel CIC. Il ajoute que "la baisse continue du cheptel européen liée à la baisse de consommation de viande bovine génère une inflation sur les peaux brutes difficile à absorber pour les tanneries. Surtout dans un contexte de ralentissement de la demande mondiale pour les articles de Maroquinerie".

"La situation économique difficile des Tanneries du Puy n'a probablement pas favorisé le vendeur. Fort de sa dynamique propre, à un rythme de l'ordre de +10% par an en fonction de l'évolution de ses capacités de production, la Maroquinerie d'Hermès sera ainsi en mesure de sécuriser ses approvisionnements et d'en maîtriser la qualité", résume CM-CIC.

En France, l'industrie de la tannerie comptait fin 2014 un total de 19 entreprises, employant un peu plus de 800 salariés. Le secteur a produit quelque 13 millions de tonnes de cuirs tannés et 3 milliers de tonnes de cuirs finis de bovins et veaux, selon les données du Conseil national du cuir.


Reportage 19/20 France 3 Auvergne