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Presse : L'Eveil, 19/11/2016     

Les facteurs peuvent désormais proposer une multitude de services « amenés à disparaître la semaine suivante, sans même que les postiers n’en soient informés ».Pression morale, cadence infernale, tournée à rallonge, nouveaux services…

Les griefs portés par le syndicat CGT sur la gestion de la distribution sont nombreux.

La Haute-Loire n’est pas épargnée par la baisse du courrier.

Soumise à d’incessantes réorganisations -au rythme moyen d’une tous les deux ans-, la distribution du courrier est un service en perpétuelle évolution au sein de la Poste. Et aujourd’hui, la coupe est pleine pour le syndicat CGT Poste et Télécommunication.

Moins de personnel, mais plus de travail chaque jour
« Il y a un vrai malaise en Haute-Loire. On veut nous faire croire que la survie de la Poste passe par une course folle à la productivité. En faisant tout et n’importe quoi et en infligeant à son personnel un traitement indigne et méprisant, la Poste se condamne, au contraire, à perdre l’essentiel de sa richesse : l’attachement de ses salariés et celui des Français », estime les représentants du syndicat.
Et pour eux, aucun doute, les différentes réorganisations « ne signifient qu’une chose : supprimer des emplois ». Et la CGT d’avancer des chiffres, comme le passage des effectifs de 937 salariés en 2007 à 635 l’an dernier. Soit une baisse de 300 salariés sur la Haute-Loire en huit ans. Une réduction des effectifs qui va de pair avec une hausse croissante de la charge de travail. « Les tournées sont complètement “blindées”, car la direction anticipe une baisse du trafic du courrier. Mais dès que tout est en place cela change », dénonce Aurélien Grégoire, secrétaire départemental de la CGT Poste et Télécommunications. Comprenez que dès qu’une tournée est « rôdée », « il faut tout recommencer. Et réorganiser à La Poste ne signifie qu’une seule chose : supprimer des emplois ».
Et tout cela se déroulerait selon la CGT « dans un climat permanent d’insécurité. On entretient une angoisse permanente et un climat défaitiste avec la baisse du courrier ». Une spirale infernale dont la Poste semble vouloir sortir en proposant une multitude de nouveaux services payants.
« Tous les mois, on a un nouveau service à offrir. » Et les idées ne manquent pas : relevage des compteurs EDF et gaz, collecte de papier à recycler, livraison de gâteaux ou de fleurs, installation de décodeurs TNT, vente de téléphones portables ou de bijoux, portage de médicaments, collage d’affiches publicitaires dans les garages… Sans pour autant raccourcir le temps imparti pour effectuer la tournée. « La liste impressionnante des services qui sont apparus et ont disparu en moins de deux ans, donne le sentiment d’une entreprise folle qui n’a aucune idée d’où elle va. Ceci est particulièrement flagrant dans la façon dont les agents sont abandonnés à eux-mêmes pour gérer ces nouvelles missions. On leur présente sommairement ce qu’ils sont censés faire, sans aucune formation », dénonce encore la CGT.
Le comble de ces nouveaux services est sans doute incarné par le dispositif « veiller sur mes parents ». L’idée est simple : faire payer la visite du facteur à des personnes âgées avec qui le postier pourra discuter… six minutes, top chrono, mais pas plus ! Un service payant à raison de 2, 4 ou 6 visites par semaine. L’offre de lancement à 54,90 euros par mois pour deux visites par semaine. Désormais tout se monnaye, même le sourire du facteur… « Tout est chronométré. Les anciens facteurs n’attendent qu’une chose : partir… », assurent les responsables CGT en Haute-Loire.

« Une culpabilisation poussée à l’absurde »
Le tout avec une pression ressentie comme de plus en plus forte sur les épaules des facteurs. La CGT dénonce « une culpabilisation poussée jusqu’à l’absurde ».  « Les salariés ne peuvent pas se sentir à l’aise dans une entreprise au sein de laquelle des dirigeants leur répètent à longueur de journée que l’avenir est sombre et très incertain. Que les résultats sont mauvais et qu’en plus c’est de leur faute », s’insurge la CGT. Pour Pascale Falcon, détachée permanente CGT : « on nous monte les uns contre les autres. Tout devient de la marchandise. L’esprit humain disparaît. Nous en souffrons tous ». Et de conclure : « C’est notre métier qui part », regrette-t-elle… 

Haute-Loire : 20.000 lettres en moins par jour
Contactée, la direction de la Poste en Auvergne revient sur les principales revendications de la CGT. « Le contexte dans lequel évolue La Poste est en pleine mutation. Entre 2008 et 2020, une diminution de 50 % des volumes de courrier à distribuer aura été constatée, soit 9 milliards d’objets en moins à distribuer au niveau national. Cela se traduit, pour la Haute-Loire par 20.000 lettres à distribuer en moins par jour. Parallèlement, le nombre de colis à distribuer en Haute-Loire augmente légèrement depuis 2014 avec 1 % d’augmentation. Ce qui représente 30 colis en plus sur la Haute-Loire par jour sur une moyenne quotidienne de 2.900 à distribuer. »

« Le métier de facteur évolue »
Concernant les nouveaux services à assurer pour les facteurs dans des tournées limitées dans le temps, la direction de la Poste explique que « le besoin de proximité augmente. L’entreprise s’adapte et le métier de facteur évolue. Le cahier des charges dans lequel se fait cette évolution demeure inchangé : distribuer 6 jours sur 7, fournir une qualité de service la meilleure possible. En Haute-Loire : 99,4 % de lettres vertes sont distribuées le surlendemain et 94,3 % de lettres prioritaires sont distribuées le lendemain. Le facteur peut aussi accomplir des services de proximité. Les évolutions se font en concertation avec les agents, qui connaissent le territoire. Ces changements se font sans licenciement » assure-t-on.
Concernant le nombre de bureaux de poste sur le département, la direction du Réseau La Poste en Auvergne rappelle simplement « qu’aujourd’hui la Haute-Loire compte 114 points de contact postaux soit un taux de maillage de 91,8 % ».