221216 poste malaise LeProgres

Presse : Le Progrès, 22/12/16

Ils ne veulent pas faire « pleurer dans les chaumières » mais que leur malaise soit connu.

Organisation à la Koh-Lanta , cadençages, mise au placard, climat anxiogène… Les représentants de la CGT Poste brossent un portrait des plus noirs de leur entreprise.

Selon eux, ni le malaise social ni la souffrance au travail ne peuvent se résumer à la suppression des emplois.

« Non, il n’y a pas de baisse du volume du courrier »

« On sait que les réorganisations, qui ont lieu tous les deux ans, ont pour seul but de supprimer des postes. Mais il n’y a pas que ça », estime Aurélien Grégoire, secrétaire CGT au CHSCT (* ) de la « plaque » de Monistrol-sur-Loire (elle regroupe les huit bureaux de Poste de l’Yssingelais).

Il dénonce un climat délétère « entretenu par la direction » et des méthodes brutales : « En 2015, à Yssingeaux, cinq factrices ont appris soudainement, devant tous leurs collègues, que leurs tournées étaient supprimées. » La pression est également mise sur certains seniors : « Les encadrants ne se cachent même plus et affichent leur volonté de les faire partir avant l’heure ! » Quant à la baisse du volume de courrier, le syndicat ne veut pas en entendre parler : « Le discours de la direction est en partie faux. Le nombre de recommandés reste le même. Idem pour les colis et la publicité. On a l’impression que c’est juste fait pour dévaloriser les postiers qui, implicitement, se sentent en permanence considérés comme des fainéants. »

Des salariés « multicasquettes »

Les nouvelles tâches ne passent pas non plus. À tous les échelons, du guichetier au facteur, les salariés de La Poste revêtent de multiples casquettes. « Le rôle du facteur ne se limite plus à vous apporter le courrier. Maintenant, il fait aussi dans la vente à domicile de bijoux ou de voitures électriques ! Il relève les compteurs EDF et les poubelles, signale les nids-de-poule… Cerise sur le gâteau : on peut sortir les chiens des usagers en vacances qui souscrivent un contrat de ce type (ça se fait déjà dans le Nord, NDLR) ou jouer le rôle d’ADMR, en rendant une visite à des personnes âgées qui paient un abonnement pour deux, quatre ou six visites par semaine… Et ça en 6 minutes ! » Là, « c’est trop ! La Poste utilise la confiance des usagers à des fins strictement mercantiles. Ça va à l’encontre de notre éthique ».

(*) CHSCT : Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail.

Séverine Fabre