140917 Brioude debat Macron

Presse : La Montagne, 14/09/17

Organisé mardi soir par la CGT, un rassemblement a réuni une soixantaine de personnes, venues évoquer leur vécu et leurs craintes face à la réforme du Code du travail.

A Brioude à l’occasion de la journée de manifestation organisée mardi, au niveau national, à l’appel de la CGT, l’union locale avait organisé un rassemblement à Brioude.

Le débat n'a pas été au rendez-vous mardi à Brioude, mais près de 60 personnes se sont tout de même réunies sur l'esplanade de la mairie, pour évoquer les ordonnances sur le Code du travail qui doivent être validées en Conseil des ministres le 22 septembre. Et si la foule a été timide face au micro, les membres de l'union locale de la CGT de Brioude ont évoqué avec les Brivadois certaines ordonnances qui vont selon eux « niveler vers le bas le monde du travail » et « faire disparaître les acquis sociaux de 1936 ou 1968. »

« Le CHSCT, c'est très important à la laiterie »

Parmi les Brivadois présents, beaucoup de militants, de personnes présentes le matin même à la manifestation du Puy-en-Velay et nombre de retraités, « inquiets pour l'avenir de leurs enfants. » Philippe était l'un d'eux : « Je suis là pour les enfants. J'ai toujours été plus ou moins militant. On nous plume de plus en plus et j'ai l'impression que les jeunes ne s'en rendent pas compte. On a pourtant plus d'outils aujourd'hui pour s'informer. »

L'un des aspects les plus préoccupants pour l'assistance est la fusion des délégués du personnel, du comité d'entreprise et du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail dans le Conseil économique social. « Il y aura moins de représentants du personnel, ils seront moins puissants et auront moins d'heures, signale Joël Dumas. Le CHSCT est d'autant plus important qu'il est garant des bonnes conditions de travail. C'est très important ici dans les entreprises de métallurgie, à la laiterie ou dans les grandes surfaces. »

Gérard Roulleau, défenseur des Prud'hommes s'inquiète aussi du plafonnement des indemnités prud'homales : « depuis quelques années, on n'obtient pas les sommes demandées. Alors si en plus le montant maximum en cas de licenciement abusif baisseæ » Pour toucher vingt mois de salaire, il ne faudra plus 20 ans d'ancienneté mais 28 ans.

« Dans le temps, les gens qui voulaient travailler se rassemblaient sur la place du village et l'employeur prenait ceux dont il avait besoin. » C'est ainsi que le syndicaliste Laurent Batisson compare les CDI de chantier, ou CDI de mission. « Dans les grosses structure de Brioude il y a beaucoup d'intérim, ajoute Joël Dumas. Demain on va prendre des gens en contrat de chantier, sauf qu'à la fin ils n'auront pas de prime de précarité. »

Cette précarité inquiète certains jeunes de la cité Saint-Julien, comme Chloé, 22 ans, qui a feuilleté les ordonnances. « Ce qui ne va pas, c'est que ça ne va pas nous aider à construire notre avenir sereinement. On va vivre de façon toujours plus précaire. » Plus loin, un groupe de jeunes Brivadois est plus résigné. « Tout est très compliqué. Je ne travaille pas encore, souligne Benjamin, 17 ans. Concrètement, je ne sais pas ce qui va changer, mais je ne me fais pas d'illusion, ça ne va pas s'améliorer. »

« Toute bataille est perdue si on ne la mène pas »

Certains salariés brivadois assurent que leur employeur « anticipe déjà les ordonnances ». Mais mardi soir, les membres de l'union locale de la CGT de Brioude qui ont animé le rassemblement, et les personnes présentes voulaient, quant à elles, croire qu'il est possible de changer l'issue de cette réforme. Myriam Chevalier-Bonnour a ainsi conclu cette manifestation en annonçant : « Toute bataille est perdue si on ne la mène pas. »

Lydia Berthomieu