Ils étaient une centaine de cheminots réunis à Arvant, jeudi 7 juin, dans cette gare symbolique au carrefour du Puy-de-Dôme, du Cantal et de la Haute-Loire pour rappeler que les petites lignes constituent l’essentiel du rail auvergnat.
Grève SNCF : "On comprend les gens, c'est long. Pour nous aussi c'est long..."
Il est tout juste midi et la petite gare d'Arvant connaît une rare affluence en ce jeudi 7 juin. Ce n'est pourtant pas pour prendre le train qu'une centaine de personnes se presse devant la façade du bâtiment. Des trains, ces derniers, temps, la gare d'Arvant n'en voit plus guère passer. […]
Les 99 cheminots de Haute-Loire travaillent sur ces fameuses "petites lignes"
[...] "Être au statut pour être envoyé à Dunkerque, ça va pas m'intéresser", s'agace un agent basé à Brioude. Il sait que si la ligne des Cévennes ferme, ce sont dix-sept cheminots qui se retrouveront sur le carreau. "Vous croyez qu'ils auront dix-sept postes vacants en Auvergne?" En Haute-Loire, c'est simple : les 99 cheminots du département travaillent tous sur des lignes classées 7 à 9. "S'il n'y a pas de financement pour ces lignes, on risque de perdre nos emplois, résume Xavier Bousset, secrétaire départemental CGT cheminots. L'Etat reprend la dette, mais le milliard d'euros annuel que cela dégage doit être mis sur ces petites lignes".
Car tous sont persuadés que ces liaisons ferroviaires en milieu rural ont un avenir, dans ces secteurs où "il y a des gens qui prennent le train tous les jours et qui se sentent oubliés", résume Antony Bonin. "On a une entreprise qui pourrait vraiment bien fonctionner, déplore un agent. On a des idées, mais comme ça ne vient pas d'en haut, on ne nous écoute pas... L'année où le Tour de France est parti de Brioude (2008, Ndlr), on leur avait dit de mettre des trains à 2 euros pour que les gens viennent à Brioude assister au départ. On était largement en capacité de le faire. Eh bien, ça ne s'est jamais fait et tout le monde est venu de Clermont en voiture..."
Ils en ont assez d'entendre la même rengaine. "On a quand même une députée qui nous a parlé de la prime charbon (supprimée dans les années soixante-dix, Ndlr) ! Ce qui est fou, c'est que personne ne sait nous dire concrètement ce qu'il faut ôter dans notre statut pour économiser de l'argent..."
"Il y en a qui ne partiront pas en vacances"
Appréciant la solide cagnotte collectée au niveau national, forts de leur unité (« l’intersyndicale tient toujours »), ils n’en ignorent pas moins l’agacement des voyageurs. « On comprend les gens, c'est long. Pour nous aussi c’est long", reconnaît Xavier Bousset. Le Clermontois Arnaud Emorine ne dit pas autre chose : "On n'a aucun plaisir à être en grève pendant des semaines et des semaines. Mais ce n'est pas avec trois sucettes qu'on arrêtera le mouvement ! "
Un des cheminots de Brioude a reçu sa fiche de paie. Pour le mois d'avril, où il a fait grève huit jours, 14 ont été retenus. "Sur 20 jours de travail, ça pèse... Ca fait plus de 900 euros retenus sur ma paie. On ne pleure pas, la solidarité existe, mais il y en a qui ne partiront pas en vacances cet été, c'est sûr..."
"Les gens ne se rendent pas compte qu'on tue le dernier bastion."
Certains sont plus pessimistes. "Les gens ne se rendent pas compte qu'on tue le dernier bastion." Un bastion, c'est aussi la vision de Thomas Vacheron, de la CGT de Haute-Loire, venu soutenir les cheminots. "Vous êtes la population active la plus syndiquée, la plus fédérée", leur lance-t-il. Mais lui se veut optimiste. "Il y a plus d'un million d'euros dans la caisse de grève, c'est bien que tout n'est pas cassé dans le pays. Des milliers de personnes ont contribué, on sait que votre lutte c'est la lutte de tous." [...]
Pomme Labrousse
La Montagne, 8/06/2018
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Participez aux caisses de solidarité de soutien aux grévistes !
Merci d'adresser vos dons à "UD CGT 43, 4 rue de la passerelle 43000 Le Puy en Velay".
Le chèque doit établi à l'ordre de "CGT 43" en indiquant "solidarité cheminots" au verso.
